Les communications téléphoniques locales s'ouvrent à la concurrence. Des associations ont déposé un recours devant le Conseil d'Etat. Le 1er janvier marquera une nouvelle étape dans l'ouverture à la concurrence de la téléphonie fixe.
Alors que les Français ont depuis quatre ans le choix entre plusieurs opérateurs pour acheminer leurs communications nationales et internationales, ils pourront aussi choisir le mieux-disant pour leurs appels locaux, c'est-à-dire pour les appels passés au sein de leur département. Toutefois, même s'ils optent pour la concurrence, ils resteront clients de France Télécom au titre de l'abonnement téléphonique.

Selon les directives bruxelloises, cette étape aurait dû être franchie le 1er janvier 2001. Mais les obstacles ont été tels qu'elle ne s'est pas réellement concrétisée pour les consommateurs. Tour à tour, Cegetel, puis Tele 2, et enfin 9 Telecom ont lancé, au cours de l'année 2001, des offres de communications locales. Mais le client était contraint de composer un préfixe spécifique à quatre chiffres pour en profiter. Une procédure rédhibitoire. C'est cette barrière qui tombera à partir du 1er janvier. Pour les clients qui ont opté pour la présélection, les communications locales seront acheminées automatiquement par l'opérateur qu'ils ont déjà choisi pour les communications longue distance. Les adeptes du préfixe composeront, quant à eux, appel par appel le préfixe du prestataire qu'ils jugeront le plus avantageux pour leurs communications locales.

BOUFFÉE D'OXYGÈNE

Les concurrents de France Télécom ne se lancent pas, pour l'instant, dans une farouche guerre des prix. Cegetel et 9 Telecom privilégient un tarif unique de 11 centimes par minute alors que les tarifs de Tele 2 varient de 10 à 16 centimes par minute selon que les appels locaux se déroulent en heures creuses ou en heures pleines. Cette tarification s'entend au-delà d'un crédit-temps incompressible, facturé 80 centimes par Cegetel et Tele 2, et 85 centimes par 9 Telecom pour des durées respectives de 60, 192 et 20 secondes. Des prix qui ne sont pas forcément moins chers que ceux de France Télécom, en particulier en heures creuses ou pour des appels de courte durée.

Cette brèche dans l'un des derniers bastions de France Télécom encore en monopole, offre à ses concurrents une véritable bouffée d'oxygène. La guerre des prix qu'ils se sont livrée sur les appels nationaux et internationaux a laminé leurs marges, et a contraint les plus fragiles à abandonner la partie ou à se recentrer sur la clientèle des entreprises. L'avenir de 9 Telecom est en suspens depuis l'annonce faite par son actionnaire, l'italien Telecom Italia, de son désengagement de sa filiale française déficitaire. Les opérateurs qui restent en course souhaitent accroître la facture de leur clientèle de particuliers afin de rentabiliser leurs opérations. L'ouverture à la concurrence des communications locales y contribue.

Pour sa part, France Télécom a démontré sa volonté de défendre ses prérogatives. Il n'est pas prêt à céder facilement les parts d'un gâteau dont la valeur est estimée à 20 milliards de francs (3 milliards d'euros) par l'Autorité de régulation des télécommunications (ART). Il s'est farouchement opposé, en liaison avec des associations de consommateurs (dont certaines ont déposé un recours devant le Conseil d'Etat) au basculement automatique des communications locales pour les consommateurs qui avaient présélectionné un opérateur pour leurs appels longue distance. Mais l'ART a tranché en faveur des arguments de la concurrence en l'autorisant après l'envoi de deux lettres d'information.

Le basculement automatique devrait s'effectuer le 9 janvier pour les clients de Cegetel et de 9 Telecom, mais se déroulera sur trois mois pour les clients de Tele 2.

Laurence Girard

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Les différents acteurs

France Télécom. Le groupe détient un parc de 34 millions de lignes fixes en France et admet la perte de près de 30 % de part de marché sur les communications nationales et internationales.

Ses concurrents. Sur le marché grand public, ce sont Cegetel, qui revendique 2,9 millions de clients pour la téléphonie fixe (dont 1,3 million présélectionnés, c'est-à-dire d'abonnés préalables, ceux qui gardent le 0 comme premier chiffre d'appel), Tele 2, qui revendique 2,6 millions de clients pour la téléphonie fixe (dont 1,3 million présélectionnés), et 9 Telecom, qui a 1 million de clients pour la téléphonie fixe (dont 600 000 présélectionnés).

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